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Jean de Labrune - Panacée universelle

Original Text: Jean de Labrune: Panacée universelle : Méthode que l'on pratique à l'hostel des Invalides, pour guérir les Soldats de la Verole.- S.l. : s.n., ca 1718.- 23 pp.

This spagyrical text dated in 17th Century has been transcribed from: "Traité de la maladie vénérienne, où l'on donne le moyen de la connaître dans tous ses degrez : avec une méthode de la traité plus facile que la commune et la résolution d'un grand nombre de problèmes très curieux sur ces matières" par M. Gervais Ucay, docteur en médecine à Toulouse. - Quatrième édition revue et corrigée. - A Paris : chez Laurent d'Houry, MDCCXVIII (1718). - 315 + 23 pp., 17 cm, In-12. [First Edition: 1699, Amsterdam, chez Daniel Pain]. The Jean de Labrune' text is an annex (23 pages) at the end of the book.


  Méthode que l'on pratique à l'hostel des Invalides,
pour guérir les Soldats de la Verole par Jean de Labrune

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  LA MANIERE DE FAIRE la Panacée mercurielle pour la cure de toutes sortes de Veroles, tant vieilles que recentes, pour le Scorbut, le Rhumatisme, & pour toutes sortes d'Obstructions.

PRENEZ la quantité qu'il vous plaira de vermillon ou de cinabre, broyez-le dans un mortier de marbre avec un pilon de verre, & le mêlez avec son poids égal de limaille de fer bien nette, mettez ce mélange dans une cornue, exactement lutée, en sorte qu'il la remplisse jusqu'à un pouce prés du haut ; mettez la cornue dans un petit fourneau de reverbere, & adaptez à son col un recipient qui soit presque plein d'eau, lutez-les, & allumez le feu au fourneau par degrez, afin d'échauffer la retorte peu à peu ; & tout votre cinabre passera en mercure coulant : délutez la cornue, jettez l'eau, & séchez le mercure en le passant souvent dans un linge blanc & sec, puis le passez deux ou trois fois par le chamois, & mettez-le dans un matras de verre avec du sel bien purifié, & du vinaigre distilé ; il faut le bien battre, & l'agiter pendant une heure, & aprés verser toute liqueur par inclination, remettre de nouveau du sel & du vinaigre, l'agiter comme auparavant, & réiterer cela jusqu'à trois fois.

Il faut prendre le mercure ainsi purifié & seché, le mettre dans une cornue de verre, verser par dessus autant de bon esprit de nitre, adapter un recipent, & faire distiler le tout au feu de sable jusqu'à siccité, il restera au fond de la cornue le mercure en sel, avec les esprits les plus fixes de nitre.

Pesez le mercure ainsi précipité, & le broyez au mortier, avec autant pesant de vitriol calciné à blancheur, & autant de sel desseché : mettez le mélange dans une cucurbite, ou dans un matras au sable, proche de la platine ; si c'est une cucurbite, qu'elle soit basse & couverte de son chapiteau ; il faut donner le feu de sublimation par degrez, jusqu'à ce que toute la substance du mercure soit montée ; elle se coagule en une matiere cristalline au haut & aux côtez du vaisseau, dont il la faudra détacher, aprés qu'on aura coupé le vaisseau avec un fer chaud, puis le bien broyer sur le porphite, & y ajouter autant pesant de sel tres pur & tres-sec, & la moitié autant de vitriol calciné à rougeur, & sublimer le tout pour la seconde fois, tant que le mercure soit monté comme à la premiere, en une tres-belle matiere cristalline, qu'on broyera encore avec son poids égal de nouveau sel purifié, & laquelle on ressublimera comme ci-dessus, ce qu'il faudra réiterer jusqu'à cinq fois, qui feront sept sublimations, y comprenant les deux premieres avec le vitriol. A la huitiéme il faudra broyer le mercure seul, & le sublimer au sable dans un matras. Lorsque toutes ces sublimations seront achevées, il faut garder le sublimé, qui sera très-beau, dans un verre bien net & bien fermé.

II. OPERATION.

Il faut prendre un tiers du susdit sublimé pour le revivifier avec de beau regule d'antimoine ; si ce tiers du sublimé pese une livre, il faudra huit onces de regule, & on réduira l'un & l'autre en poudre ; lorsqu'ils seront bien mêlez, mettez-les dans une cornue, adaptez-y un recipient, & les distilez à feu de sable par degrez. La substance reguline d'antimoine passera la premiere, qui est ce qu'on appelle beurre d'antimoine ; ensuite le mercure qui sera tres-bien purifié, & qu'on separera ; lavez-le bien, & le sechez avec un linge net & sec, puis le faites passer trois au quatre fois par le chamois, & le serrez dans une phiole bien bouchée.

III. OPERATION.

Prenez douze onces de ce sublimé qui a été reservé & bien enfermé, broyez-les dans un mortier de marbre avec un pilon de verre, & lorsqu'elles seront en poudre tres-subtile, ajoutez-y peu à peu huit onces de mercure revivifié du même sublimé, agitez & triturez le tout ensemble jusqu'à ce que le mercure soit mortifié & éteint, en telle sorte qu'il n'en paroisse aucun atôme de vif ; mettez la poudre dans un matras au sable, & dessous le vaisseau donnez le feu par degrez, dix à douze heures durant, jusqu'à ce qu'on voye que le mercure soit tout-à-fait monté & sublimé au haut du vaisseau alors il faut cesser le feu, & laisser refroidir le vaisseau qu'il faudra casser ou couper étant froid, pour en separer le mercure qui sera sublimé en une substance compacte, serrée & cristalline, qu'il faut avoir soin de separer des folles farines qui seront par dessus, & de quelque portion de mercure vif s'il y en avoit ; broyez derechef ce sublime au mortier de marbre, avec le pilon de verre, & le sublimez pour la seconde fois, en séparant toujours les folles farines, & les terrestréïtez qui demeurent au fonds ; il faudra rebroyer & ressublimer, & continuer du moins jusqu'à neuf fois la même manipulation.

IV OPERATION.

Alors prenez votre sublimé que vous mettrez peu à peu sur le porphire bien net, avec sa molette, le broyant le plus long-tems, & le mieux qu'il sera possible, ce que vous continuerez jusqu'à ce que le tout soit bien broyé, & vous mettrez la poudre dans un pot de verre, d'une embouchure un peu large, versant par dessus de bon esprit de vin alcoholizé & aromatizé, avec canelle, macis, gerofles, écorces superficielles de citrons & ambre gris, que l'esprit de vin surpasse la matiere de trois doigts, & agitez bien le tout ensemble ; & lorsque l'esprit de vin sera empreint de la partie la plus subtile de ces aromats, versez-le doucement par inclination dans un matras, au moyen du entonnoir de verre, rebroyez ce qui sera resté dans le pot, & continuez à reverser le même esprit de vin aromatizé, qui sera séparé de la matiere subtile qui reste dans le matras : continuez ainsi à réduire toute la matiere en atômes, jusqu'à ce qu'elle passe entierement dans le matras avec l'esprit de vin. Cela étant fait, fermez bien le matras avec son bouchon de verre, & le posez sur le sable chaud d'une chaleur tres-moderée, pendant quinze jours, ou même trois semaines. Ce tems fini retirez le matras, & agitez bien l'esprit avec la poudre que vous verserez dans une cucurbite un peu basse ; adpatez sur la cucurbite son chapiteau avec un recipient, lutez & distilez à un feu assez doux ; tout l'esprit de vin qui sortira tres pur & tres net, peut toujours servir à la même, ou à une semblable operation.

Au fond de la cucurbite il vous restera votre Panacée mercurielle tres-bien préparée, qu'il faudra mettre dans un vaisseau de verre net, & bien fermé. C'est un remede admirable pour beaucoup de maux differens, mais particulierement pour toutes sortes de Veroles vieilles, recentes, de quelque nature qu'elles soient, & pour tous leurs accidens, aussi bien que pour le scorbut, le rhumatisme, toutes sortes d'obstructions dans toutes les parties du corps, & pour les vieux ulcérés. On le donne même aux enfans aussi hardiment qu'aux grandes personnes pour tuer les vers, & pour toutes sortes de galles & de vices qui rongent le cuir. Enfin c'est un remède specifique à quantité de maux inconnus, rebelles & inveterez, puisqu'il est un vrai mondificatif du sang ; & son usage administré & pris à propos, & avec jugement, ne peut jamais faire de mal.

La seule & unique maniere pour s'en servir utilement à tous les maux marquez ci dessus, est de former une pâte de la Panacée dans un mortier de verre avec son pilon, avec de belle & bonne gomme adragant, dissoute dans de l'eau rose ou de fleurs d'oranges, & en mouler de petits grains comme des dragées de plusieurs grosseurs, les plus gros ne doivent pourtant pas peser plus de quatre grains de froment.

PANACEE UNIVERSELLE.

Il faut faire un beau sublimé corrosif à l'ordinaire, qui soit sublimé du moins trois ou quatre fois, avec sel & vitriol bien préparez, employant du sel & du vitriol nouveaux à chaque sublimation ; on doit faire ce sublimé soi-même, & ne se point fier à celui qui se vend chez les Droguistes, à cause qu'il peut être mêlé de quelques parties arsenicales.

Prenez donc trois livres de ce sublimé, une livre de beau regule d'antimoine, que vous réduirez bien en poudre, chacun à part, mêlez-les ensemble, & mettez les dans une cornue proportionnée à la matière ; adaptez y un recipient, lutez-le, distilez le beurre d'antimoine à l'ordinaire, & qu'il soit rectifié jusqu'à trois fois, changeant de vaisseaux à chaque rectification.

Pesez le beurre d'antimoine qui doit être pur, net & clair en consistance d'huile ; y ajoutez le double de son poids de cristal de tartre blanc, bien purifié que vous aurez fait vous-même, à cause de la chaux qui est dans la crême de tartre que les Droguistes vendent ; mettez ce cristal en poudre, & mêlez-le avec le beurre d'antimoine dans un vaisseau de verre, se servant pour cela d'un pilon aussi de verre ; le tout étant bien mêlé & incorporé ensemble, mettez la pâte dans un grand matras de verre dont le col soit assez long, & par dessus de l'eau de pluye distilée, quatre fois autant pesant que la matiere ; fermez bien le matras avec son bouchon de verre, & le posez sur le sable chaud, donnez le feu par degrez pour l'échauffer peu à peu jusqu'à ce qu'il bouille, ce qu'il faudra continuer pendant huit heures, aprés quoi on ajoutera peu à peu de l'huile de tartre par défaillance, bien pure & filtrée autant que vous aurez mis de crême ou crystal de tartre ; le tout étant ensemble, filtrez le chaudement, mettez ce qui sera filtré dans une cucurbite de verre, ou dans une terrine de grais ; faites le évaporer doucement au feu de sable jusqu'à siccité, observant de remuer la matiere sur la fin sans discontinuer, crainte que le sel ne brûle au fond ; alors vous remettrez votre sel ou matiere ainsi dessechée sur plusieurs verres plats, pour être exposée à l'air pendant la nuit dans un beau tems, & le jour à la cave, le tout se réduira en huile ou liqueur grasse, qu'il faudra derechef filtrer bien proprement, & la serrer dans un bocal de verre bouché avec son bouchon de même matiere.

C'est avec juste raison qu'on doit appeller ce remede une Panacée universelle, puisqu'il évacue doucement, promptement & sans danger les humeurs abondantes & corrompues qui empêchent les fonctions de la vie, & qu'il guerit parfaitement & sans retour les maladies les plus opiniâtres qui ne peuvent être gueries par les remedes ordinaires, comme l'apoplexie, la léthargie, l'hydropisie, les fiévres continues & intermittentes, &c. Et pour dire en un mot, c'est un émetique fort doux lorsqu'il est bien préparé ; la dose ordinaire en liqueur est de treize à quinze gouttes au plus pour les personnes âgées, depuis vingt ans jusqu'à soixante, & aux jeunes & aux vieux à proportion ; laquelle dose il faut réiterer plus ou moins selon la grandeur de la maladie ; on le donne dans du vin sucré ou non, dans du bouillon, de la bierre, ou dans autre chose semblable, & à toute heure du jour quand la necessité le requiert. Lorsqu'on aura donné de ce remede, on fera prendre au malade du bouillon gras & chaud demie heure aprés, ce qu'on réiterera deux ou trois fois pour faciliter l'operation, qui sera vuider par haut & par bas les humeurs visqueuses qui sont attachez au fond & aux côtez de l'estomac, & lesquelles sont souvent la source des maladies.

Pour préparer un malade au remede qui guerit la Verole, il le faut premierement faire saigner une ou deux fois, & le purger aprés deux jours de suite ; le premier jour on lui donnera une infusion de sené avec le syrop de roses ou de fleurs de pescher & le sel vegetal, le tout dosé selon l'état & les forces du malade.

Le second jour on le purgera avec la même medecine, & l'on mettra dans un bouillon qu'on lui donnera deux heures aprés, quinze gouttes de Panacée universelle, dont l'on peut s'abstenir, si l'on veut. Cela fait, on lui donnera le lendemain de sa medecine pour la premiere fois dix grains de mercure au matin, & le soir cinq, & même plus si on le trouve à propos.

Le second jour on lui en donnera le matin quinze grains, & le soir huit.

Le troisième jour, le matin vingt grains, & le soir dix.

Le quatrième jour, le matin vingt-cinq grains, & le soir quinze, si l'on veut. On ira ainsi en augmentant tous les jours jusqu'à ce que le flux de bouche aille jusqu'à deux pintes, ou qu'il survienne un flux de ventre qui réponde à la même quantité.

Si l'un ou l'autre diminue avant que les symptômes de la Verole soient dissipez, il faut redonner au malade le mercure, commençant par le dernier nombre qu'on lui aura donné auparavant, & le continuer jusqu'à ce qu'on voye des marques sensibles de la guerison de la maladie. S'il arrive que le flux de bouche ou du ventre soit par trop abondant, il faut purger le malade comme on le jugera à propos ; mais si aprés avoir donné une quantité suffisante de mercure pour guerir la Verole, les symptômes ne disparoissent pas, ou qu'aprés avoir disparu ils retournent quelque tems aprés, il ne faut pas s'opiniâtrer à redonner de nouveau le mercure, sans avoir auparavant fait saigner, purger & baigner le malade, le bain étant le remede le plus propre à rendre les humeurs plus fluides. Le malade ayant été baigné, on lui donnera le mercure suivant la maniere ci-dessus décrite.

Il faut observer que pendant l'usage du mercure, il est meilleur que le malade vive de bouillons & d'oeufs frais, que de prendre des aliments solides pendant ce même tems ; il est necessaire aussi qu'il reçoive de deux jours l'un un lavement, pour prendre les grains de mercure : il faut mettre dans le bouillon du matin & du soir deux petites soupes de pain, avec lesquelles on envelopera le mercure, si l'on n'aime mieux les prendre dans quelques confitures, & avaller un bouillon par dessus, aprés quoi il faut demeurer trois ou quatre heures sans manger.

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Ce remède a été donné au Public pour les Invalides, par M. de la Brune, Medecin Chymiste, assez connu, & fort en réputation pour ces sortes de maux.

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Un Soldat âgé de trente-deux ans, ayant pour signes de Verole, pustules, chancres & douleurs dans les bras, commença à entrer dans les remedes le 29 Novembre 1684.

Le 29 il fut saigné.
Le premier Decembre il fut saigné pour la seconde fois.
Le 2 il prit medecine avec l'infusion de sené, le syrop de roses, le syrop de fleurs de pêché, & le sel vegetal.
Le 3 il prit la même medecine, deux heures aprés un bouillon, dans lequel on mit quinze gouttes de Panacée antimoniale.
Le 4 on lui donna le matin dix grains de mercure, au soir cinq.
Le 5 au matin 15 grains, au soir 8.
Le 6 au matin 20 gr. au soir 10.
Le 7 au matin 25 grains, au soir 10.
Il alla ce jour-là à la selle six fois.
Le 8 au mat. 30 gr. au soir 10. selles 6.
Le 9 au mat. 30 gr. au soir 10. selles 7.
Le 10 au mat. 35 gr. au soir 10. selles 7.
Le 11 au mat. 40 gr. au soir 10. selles 7.
Le 12 au mat. 40 gr. au soir 15. selles 6.
Le 13 au mat. 45 gr. au soir 15. selles 6.
Le 14 au mat. 40 gr. au soir 10. deux verrées d'émulsions, selles 5.
Le 15 rien, selles 6.
Le 16 au mat. 40 gr. au soir 10. selles 5.
Le 17 rien, selles 6.
Le 18 au mat. 30 gr. au soir 10. selles 6.
Le 19 au mat. 30 gr. au soir 10. selles 6.
Le 20 au mat. 30 gr. au soir 10. selles 4.
Le 21 au mat. 30 gr. au soir 10. selles 6.
Le 22 medecine comme la premiere, selles 8.
Le 23 rien, Gueri parfaitement.

Ce malade a été en tout vingt quatre jours à guerir ; il a été saigné deux fois, purgé trois, de deux jours l'un un lavement, & a prix six cens trente-huit grains de mercure, qui sont neuf dragmes moins dix grains.

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Un Soldat âgé de vingt-huit ans, ayant pour signes de Veroles, des pustules par tout le corps, est entré dans les remedes le 29 Novembre 1684.

Le 29 il fut saigné.
Le premier Decembre il fut saigné pour la seconde fois.
Le 2 il prit une medecine ordinaire.
Le 3 il prit la même medecine, & deux heures aprés on lui donna un bouillon, quinze gouttes de Panacée. Il vomit & alla à la selle plusieurs fois.
Le 4 au matin il prix dix grains de mercure, le soir cinq.
Le 5 au matin 15 grains, le soir 8.
Le 6 au matin 20 gr. le soir 10.
Le 7 au mat. 25 gr. le soir 10. Il jetta ce jour-là pinte de salive.
Le 8 au mat. 30 gr. le soir 10. pintes 2.
Le 9 au mat. 35 gr. le soir 10. pintes 2.
Le 10 rien, pintes 3.
Le 11 rien, pintes 3.
Le 12 rien, pintes 3.
Le 13 rien, pintes 3.
Le 14 rien, pintes 2.
Le 15 rien, 3 chopines & & demi-septier de salive.
Le 16 au matin 40 grains, le soir 10. chopine 3.
Le 17 au mat. 40 gr. le soir 10. pinte 1.
Le 18 au mat. 35 gr. le soir 10. pinte 1.
Le 19 au mat. 30 gr. le soir 10. pinte 1.
Le 20 au mat. 30 gr. le soir 10. pinte 1.
Le 21 au mat. 30 gr. le soir 10. pinte 1.
Le 22 au matin, medecine ordinaire, selles 3. pinte 1.
Le 23 rien, demi septier 3.
Le 24 rien, chopine 1. Gueri parfaitement.

Ce malade a été en tout vingt-six jours à guerir. Il a été saigné deux fois, purgé trois ; il a pris de deux jours l'un un lavement ; il a pris quatre cens quarante-huit grains de mercure, qui sont six dragmes & seize grains.

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Un Soldat ayant pour signes de Verole un nodus considérable à la partie moyenne du tibia de la jambe droite, des douleurs fort grandes dans les bras & les jambes, qui s'augmentoient la nuit ; & des insomnies perpetuelles, est entré dans les remedes le 24 Juillet 1684.

Le 24 il fut saigné.
Le 25 il fut purgé avec le sené, le syrop de roses, de fleurs de pesché, & le sel vegetal.
Le 26 il fut purgé avec la même medecine, & deux heures aprés il prit un bouillon avec quinze gouttes de Panacée antimoniale. Il alla à la selle vingt fois, & vomit pinte.
Le 27 il prit le matin dix grains de mercure, le soir 5. il fit selles 8.
Le 28 au matin 15 gr. le soir 6. selles 3. point salive.
Le 29 au mat. 20 gr. le soir 10. selles 5. point salive.
Le 30 au mat. 25 gr. le soir 10. selles 5. point de salive.
Le 31 au mat. 30 gr. le soir 10. selles 10. salive chopine 1.
Le 1 Aoust au matin 30 gr. le soir 10. selles 8. pinte 1.
Le 2 au mat. 30 gr. le soir 10. s. 13. pinte 1.
Le 3 au mat. 30 gr. le soir 10. s. 9. pinte 1.
Le 4 au mat. 25 gr. le soir 10. s. 10. pinte 2.
Le 5 rien, selles 11. chopines 3.
Le 6 rien, selles 10. chopines 3.
Le 7 rien, selles 2. demi-septiers 5.
Le 8 rien, selles 11. chopines 3.
Le 9 rien, selles 11. chopines 3.
Le 10 rien, selles 14. demi-septiers 5.
Le 11 rien, selles 7. demi-septiers 5.
Le 12 rien, selles 12. demi-septiers 5.
Le 13 rien, selles 10. pinte 1.
Le 14 rien, selles 11. pinte 1.
Le 15 rien, selles 6. demi-septier 1.
Le 16 rien, selles 4. point de salive.
Le 17 au matin. 30 gr. le s. 10. bien gueri. point de salive.
Le 18 medecine comme la premiere ; deux heures aprés un bouillon avec quinze gouttes de Panacée.

Ce malade a été en tout vingt-cinq jours à guerir. Il a été saigné deux fois, purgé trois, il a pris un lavement de deux jours l'un, il a pris deux cens quatre-vingt-un grains de mercure, qui font quatre dragmes moins sept.